Koh-Lanta à Danané

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Ça été une aventure à l’état pur, notre #DrovilleTourEnGbonhi ! De 20 candidats annoncés dans les starting-blocks pour la sortie découverte de Danané, seulement 6 embarquent ce vendredi 30 mars. Nous sommes en pleine période pascale, les candidats baoulés avaient là un alibi béton, la « paquinou ». Et le reste, des contraintes liées au boulot. Votre yako !

Au nombre des présents : une diva, artiste makeup Marilyne Okou, un beau réalisateur chevronné, Armand Bred, une star du micro, animatrice à radio Nostalgie et entrepreneuse Gliss Toikeusseu, l’un des meilleurs bloggeurs TIC du pays, Abou Kam, le photographe du magazine voyage Ivorian Travelers, Aymar Leroux et moi, journaliste, blogueuse et guide pour la circonstance. La mosaïque de personnes met les voiles pour le weekend qu’elle n’oubliera pas d’aussitôt.

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Yopougon sable, gare d’Ouest transport, 7 H.

Le premier départ sur Danané a quitté la gare depuis 30 mn, emportant avec lui tout le confort dû au rang des passagers du 21ième siècle. Il laisse derrière lui, un second car foutu. En partie déglingué : la peinture est vieillissante, la climatisation afonctionnelle, des voisins bavards et radoteurs, des rabats qui tiennent à peine, des mécaniciens le retouchent sous l’œil inquiet des passagers. On aurait dit un Gbaka en format 70 places. « C’est la robustesse du moteur qui compte, le reste ce sont des détails » rassure le chef de gare.

10H, Le DioulaTchê ne hurle plus. Sa bruyante communication s’éternisait. Son interlocuteur à l’autre bout a dû sentir notre colère monter. Le vendeur de médicaments itinérant prend le relais. Notre véhicule non climatisé avance à pas de tortue. La file qui mène au corridor de Gesco est anormalement longue. Les alentours grouillent de monde. Tous aux aguets, c’est la chasse aux moindres minicars qui accostent. On aurait dit la gare nord et ses acrobates d’étudiants aux heures de pointe. «C’est la Pâques », lance l’apprenti au visage en sueur. 17 interminables heures de route meublées de plusieurs arrêts, occasionnés tantôt pour raison d’accrochage, tantôt pour une panne, tantôt pour soulager un passager de sa soudaine diarrhée. Oui, 17 heures bien comptées pour un voyage sensé durer 10 heures ! Les nerfs à fleurs de peau des passagers étaient  dilatés à tout rompre. La chaleur dans le car y a contribué pour beaucoup. Leurs jambes endolories n’en pouvaient plus. Le corps en compote et le cœur prêt à en découdre avec tout et tout de suite. Pourtant ce n’était pas le pire…

Danané-lieupleu

1H30mn du matin, les Abidjanais sont largués à Danané. C’est la destination finale pour le chauffeur et le point d’embarquement pour Lieupleu, lieu hôte du séjour pour les aventuriers. 25 autres kilomètres à parcourir, seulement aucun véhicule à l’horizon. Les rares taxis-motos font la surenchère. Un kia pointe le nez, c’est le sourire sur les visages. À 1000 fcfa le passager, le transporteur-commerçant, un homme loqueteux clope au bec veut bien nous déposer au carrefour Lieupleu. Le véhicule provient du Libéria voisin et transporte dans sa remorque du Canne juice, des enfants et jeunes aux aspects aussi douteux que le reste de la marchandise transportée outre frontières à cette heure de la nuit. C’est la pleine lune, et le froid s’est accentué. Nous sommes parqués dans le véhicule tels des migrants en route pour Lampedusa.

Au corridor

Nous ne sommes pas les seuls à douter de la légalité de la marchandise transportée. Les flics tapis dans le noir le savent et le font cher payer au transporteur. 15 000 fcfa après une heure de négociation et un bidon du précieux Canne juice offert. Depuis le véhicule, la scène est suivie sans grand intérêt. Les citadins sont des habitués. Des policiers corrompus pour moins que ça, c’est monnaie courante dans la capitale. Résignés, certains dorment quand d’autres sont tenus en éveil par l’un des apprentis du Kia . C’est un gars pas très commode, le rebelle du groupe. Il trouve excessif le droit de passage fixé par les hommes en tenue, le jeune homme excité est prêt à les envoyer valser et rebrousser son chemin. Nous le soupçonnons d’avoir touché pas qu’un peu à la marchandise, le canne juice surtout. L’homme ne tient pas en place, il dit connaître un circuit moins coûteux pour évacuer la marchandise. Seulement sa petite crise n’arrange pas les voyageurs complètement essorés qui souhaitent venir à bout de ce périlleux voyage.

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2H30 mn du matin, les choses sont rentrées dans l’ordre, un accord est trouvé, le véhicule et son contenu douteux peuvent continuer leur route. La voiture s’enfonce dans un maquis sombre aux sentiers impraticables par endroit. Après Danané, ce sont les ténèbres, le noir total. Nous ne sommes guidés que par deux phares défaillants et la lune qui semble être la seule à compatir à notre souffrance. Le chauffeur, surement éméché, conduit sans se soucier de notre sort à l’arrière. Il ne sait qu’appuyer sur l’accélérateur, donner des coups de volant à tort et à travers à faire craquer le levier de vitesses. Le régime du moteur, le ballottement endiablé auquel il nous livre, le froid glacial auquel nous sommes exposés ne lui importe guère. Curieusement, ses maladresses amusent notre rebelle. Ce dernier s’esclaffe chaque fois qu’une secousse trop forte nous jette les uns contre les autres. Le calvaire s’atténue au bout d’une vingtaine de kilomètres.

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Du carrefour Lieupleu au village, 5 autres Km à pied

2H 45 mn, la ruelle qui mène au village est déserte. Les motos taxis fréquents sur cette voix aux heures raisonnables n’y sont plus. Il règne un silence sidérant. Pas un seul bruit, que de la broussaille de part et d’autre de la rue qui s’encorde à l’infini. Aucune alternative que la marche ne s’offre à nous. Valise et sachet sur la tête, un pas après l’autre, en file indienne, sereinement nous nous lançons en direction de Lieupleu. La fatigue venait de phagocyter la peur. Après la galère vécue, plus rien ne pouvait nous ébranler. Notre seul objectif à cet instant précis : en finir ! C’était chose faite en une heure de marche.

…Enfin Lieupleu

Nos bruits de pas et échanges bruyants alertent les villageois assoupis. Ces derniers informés de notre mésaventure avaient fini par s’endormir à force d’attendre. Conduits chez la présidente des femmes, puis chez le secrétaire du chef et enfin chez le chef de Lieupleu, nous sommes débarrassés de nos affaires, procédons aux traditionnelles nouvelles puis passons à table. Au menu : du riz à la soupe de poisson en quantité déraisonnable, de l’eau puis l’immanquable Canne juice. Les aventuriers mangent gloutonnement avant de passer au lit pour une journée qui s’annonçait chargée en activités.

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About the Author: Ritadro

6 Comments to “Koh-Lanta à Danané”

  1. le kia superbe engin pour la brousse , c’est la partie réussie du périlleux voyage. les chocos transformés en gbaki

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