François, les femmes et le tatouage

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Une solide histoire de coquetterie est née et lie d’un lien indéfectible François, jeune tatoueur ivoirien déscolarisé à des femmes friandes  du tatouage, nouvelle tendance beauté à Abidjan. La dermo-pigmentation ou tatouage semi permanent de l’arcade sourcilière, une technique qui permet d’agrandir, intensifier voire rajeunir le regard féminin. Où opère François ? Au marché Gouro d’Adjamé, celui qui brasse des milliers de femmes, toutes catégories socio-professionnelles confondues à la minute. Le petit futé !

Rejoindre le salon à ciel ouvert de François a tout du parcours du combattant ! Confiné dans les entrailles de ce gigantesque marché aux vivriers, à l’étroit dans une encoignure du marché entre les balles de friperie et les étalages des commerçantes de pagnes et perruques. Pas évident. Seul point de repère : le salon Divine Beauté perdu lui même  dans une série de magasins et bourré d’articles divers. Mais chez François, patientent sur un banc et même sur pieds des clientes. La file d’attente est impressionnante. Il y a comme un attroupement tous les samedis, jours de recette de François. Il est le seul mec là, pas moyen de le rater ! Et toutes sans exception sont là pour se faire tatouer les sourcils, la tendance en ce moment à Abidjan.

C’est un secret de polichinelle, pour les amatrices du maquillage donner du caractère au visage à travers l’épilation des sourcils relève d’un véritable casse-tête chinois. Entre placer le crayon à la verticale contre l’aile du nez pour déterminer le début du sourcil, ce dernier ne doit pas dépasser vers l’intérieur ou commencer plus loin, et épiler ce qui dépasse. Ensuite placer le crayon de l’aile du nez pour définir l’endroit de l’œil où il doit s’arrêter… Non cette équation comporte trop d’inconnues. Impossible de la résoudre seule avec dextérité. C’est donc dans cet environnement inconfortable, qu’intervient François 24 ans, niveau d’études, classe de 3ème et tatoueur professionnel depuis 3ans comme il aime fièrement se présenter. L’ancien élève a vite troqué ses stylos pour un autre encre semi ou totalement permanent. Ce métier était son point d’encrage, sa vision dit-il après que ses études se soient arrêtées pour des raisons non élucidées. Depuis quelques années il rectifie la ligne naturelle des sourcils des femmes du grand marché de Marcory puis celles d’Adjamé. En accent circonflexe pour égayer, arrondi pour adoucir un visage carré, légèrement ailé et remontant sur les tempes au coin externe  pour donner du tonus à un visage rond…Tout y passe, François s’y connait !

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Installé sur un tabouret mitoyen à celui de la concurrence, François peaufine sereinement, main gantée, les sourcils d’une cliente. Quelques minutes auparavant, il l’avait examiné puis à l’aide d’une lame « toujours neuve » soigneusement épilé le visage. Il discipline le sourcil, taille au bon endroit et pour finir comble les manques et creux avec la patte magique. Elle est noirâtre et préalablement préparée avec de la poudre à noircir les cheveux communément appelé « Yomo » savamment mélangé à de l’eau contenu dans un sachet plastique dont le bout finement percé, lui sert de stylo à dessiner . Avec son inséparable coton-tige, il étale la patte glaciale, ajuste et nettoie les contours encore et encore pour habiller d’un joli tracé noir le minois de la cliente. Seulement il faudra attendre que cette dernière sèche parfaitement avant de retirer la croute pigmentée superficielle. 15 mn pour sublimer chaque visage, c’est le temps demandé. La mouche ou le petit grain de beauté au coin à la Cyndi Crawford est même posé. Le résultat est quasi unanime. C’est toujours avec le sourire qu’elles repartent des lieux.

« Je n’ai pas de sourcil assez fournis, je veux paraître toujours maquillée et je ne sais pas le faire moi-même, raison pour laquelle chez François est mon immanquable destination hebdomadaire et ce beau travail est fait à 5OOfcfa » déclare une cliente visiblement très satisfaite du résultat
« C’est un peu foncé au départ mais ça va s’estomper » rassure-t-il
Dans cet endroit où les poils suborbitaux connaissent leur heure de gloire, François est le plus heureux. En moyenne 10 000 les jours ordinaires et plus les samedis pour combler les sourcils clairsemés, le jeune homme célibataire compte avec ses économies s’ouvrir un salon pour assurer ses vieux jours.

La vie est trop courte pour redessiner encore et encore tous les matins, gagnez des minutes précieuses avec François mon tatoueur. Son contact : 48 15 08 88

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