Yacouba Bamba, entrepreneur en herbe

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A défaut du médecin ou du banquier qu’il aurait voulu être,Yacouba Bamba , 22 ans, jeune déscolarisé est à la fois aide au stationnement baptisé en argot ivoirien  «  Djosseur des namas » et  coursier des marchés. Un cumul de postes  de rue qu’il s’impose pour  consolider son  présent et se bâtir un avenir. Rencontre avec cet autodidacte qui, à l’aide de son Smartphone, fait le facteur pour des clientes aux indisponibilités nombreuses. Lieu :Adjamé marché, secteur Banfora. Date : samedi 5 février 2016.

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Bien sûr qu’il a un Smartphone, c’est d’ailleurs  l’outil de travail  indispensable. Yacouba Bamba , le jeune malinké a l’oreille occupée par ses écouteurs, les yeux rivés vers les voitures entrant au marché de vivriers et de temps à autre sur son téléphone. Le   jeune homme connecté est en fait « djosseur des namas » et  coursier  dans un Adjamé marché sans parking  mais bondé d’usagers   de tout genre et surtout  vide de ses clientes TICS.  Elles, ceux sont des femmes du prototype 2010 : femmes actives et ou bureaucrates mais également  mères  et épouses au foyer, celles dont le timing hyper serré empêche même d’effectuer des courses au marché Gouro, marché de  référence de vivriers abidjanais. Ces clientes Tics sollicitent  très souvent  les  coursiers des marchés comme Yacouba  via leur téléphone pour les emplettes du jour, de la semaine et même du mois. Par appel ou SMS/MMS émis  depuis la maison ou le bureau, la liste des courses est communiquée, Yacouba dès réception prend note, préfinance  sur fonds propres l’achat de ces dernières et les livrent aux différentes destinataires. « Mes clientes sont nombreuses et reparties aux 4 coins de la capitale économique. Elles partent de Yopougon(quartier populaire situé au nord d’Abidjan), à la riviera palmeraie (quartier chic plus à l’est de la capitale économique) en passant par le plateau, le quartier des affaires au centre-ville» déclare  Yacouba.

Une fois à domicile, les emplettes sont vérifiées, comptabilisées et Yacouba en plus d’être remboursé, est récompensé. « Ici au marché, j’ai mes fournisseurs qui me font un prix spécial, je réalise un premier gain sur le coût de la marchandise qui m’est fourni et que je livre au prix du marché. Une fois chez elles, mon transport m’est restitué, l’argent utilisé pour les courses également, en plus j’ai des pourboires. Eux sont facultatifs et  fonctions de la satisfaction et du degré de gentillesse de la cliente  »  dit le jeune homme boudiné. Un service fort apprécié par la plus part de ces clientes quand certaines préfèrent toujours se rendre elles-mêmes sur les lieux. « Certaines sont septiques et préfèrent elles-mêmes faire les courses du mois » l’argument évoqué selon notre coursier reste le choix au niveau qualité de la marchandise demandée . Une option qui est bien loin de démotiver notre homme. Son petit métier, il l’exerce depuis les classes et en fait désormais son gagne-pain.

« Depuis l’école, pendant mes heures creuses et les vacances, j’aidais mes clients à stationner et j’effectuais puis livrais leurs courses. Cela m’a aidé à financer mes cours. Cette activité m’aide à assurer mon présent de  déscolarisé et mon avenir de « grand entrepreneur  » renchérit  Yacouba le sourire au coin de l’œil, sans diplôme ni formation mais déterminé

Il n’a pas la renommée de Delmas Ehui, le planteur 2 .0, célèbre web entrepreneur ivoirien, ni le pouvoir des sites de livraisons à domicile mais  en Yacouba germe une idée de grand qu’il dit vouloir matérialiser plus tard « je m’en sors avec  en moyenne 150 000 Fcfa rien qu’en étant coursier. Je suis célibataire et squatte le salon de mon beau ; toutes mes économies sont destinées à l’ouverture prochaine de ma petite boite de coursiers des marchés  et mon magasin de vivres » projette ce fils d’une fratrie  modeste de 5 enfants.  Du niveau seconde, cet ancien du lycée municipal d’Attécoubé dit ne pas regretter son choix, celui d’avoir mis fin à ses études à 20 ans. Sur son lieu de travail dès 6 heures du matin, ce n’est qu’à 18 heures que Yacou, son petit nom, regagne son domicile sis à Adjamé même. Pour toutes éventuelles livraisons, Yacou est joignable au 46 65 7 3 73.

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