Longtemps, le quartier Bardot de San Pedro a défrayé la chronique. Référence internationale, Bardot est réputé avoir la palme du plus grand bidonville de l’Afrique de l’Ouest, avec à la clé son corollaire de maux : banditisme élevé, insécurité, précarité légendaire. Le quartier a fait peau neuve il y a de cela 3 ans. Et après une visite des lieux et leurs infrastructures, le constat est clair, Bardot a perdu son auréole de bidonville suite à une vaste opération de modernisation.
Cette opération de modernisation du quartier le plus peuplé est resté l’un des programmes de campagne du premier magistrat de la région Nabo Clément. Plus moderne, Bardot a aujourd’hui de faux airs d’Abobo(la commune la plus peuplée de Côte d’Ivoire). Certes encore surpeuplé, modeste, désordonné et empoussiéré mais il n’a plus rien d’un bidonville. Avec à son compte une zone commerciale couplée de logements décents. Ce tableau lui donne une touche de modernité. Toutes les grandes banques ou institutions financières de la capitale économique y ont leurs filiales : SGBCI, SIB, Banque Agricole et autres. Bardot est totalement électrifié et en dépit de sa population à majorité de conditions modestes, les constructions sont en durs. Les populations cosmopolites sont forcées de se plier au règlement du lotissement. Quelques baraques résistent mais plus pour plus longtemps, promet Monsieur Diabagaté directeur de cabinet du maire. « Les terrains ont été lotis il y a 5 années, et ont tous été remis aux différents propriétaires. Plus question que les baraques faussent le programme de modernisation enclenché », tranche-t’il. Les rues sont toutes tracées et pratiquement toutes revêtues de pavés. Le deuxième arrondissement de police de la ville s’y trouve. Et comme toute commune moderne digne de ce nom, Bardot abrite un centre de santé puis trois et non pas deux maternités. Une baptisée Henriette Konan Bédié. Une autre au quartier Zimbabwe question d’éviter les longs déplacements et de desservir toute la grande population de cette mini ville. Une autre également au sous quartier terre rouge, Bardot 16 . Bardot de son étymologie kroumen signifie accueillir, accepter. Ses fils et filles ont fait honneur à ce slogan krou. Burkinabé, togolais, camerounais, malien, sénégalais, Guinéens, libanais, et j’en passe cohabitent depuis des années sans incidents majeurs. Une véritable mosaïque de cultures, de personnes. Un autre genre de CEDEAO. Après la santé, l’électricité, les routes, les lotissements, la sécurité, la multitude d’écoles vient contredire définitivement les informations de wikipédia. Bardot est le siège de plusieurs écoles primaires publiques et privées. Aussi, les plus grands groupes scolaires y sont érigés. Le Lions club et lycée municipal en occurrence. La modernisation de cette cité est en voie d’achèvement. Un grand marché central Nabo Phélix puis de nombreux petits autres viennent boucler la boucle.
Chère Madame,
J’ai lu votre reportage sur le Bardo de San-Pedro. J’ai été heureux de votre regard positif, ayant observé il y a un demi-siècle les premières évolutions de ce quartier lorsqu’il émergeait de la grande forêt dense. Très âgé désormais, je reviens sur mes travaux de jeunesse : j’étais géographe et anthropologue.
Nous n’avons jamais su, à cette époque, d’où venait ce toponyme « Bardo ». Selon certains informateurs, il s’agissait d’un mot tibétain désignant une sorte de purgatoire bouddhiste, un lieu d’attente. Moi, je parlais volontiers d’un « San-Pedro bis », ceci pour signifier aux responsables du grand chantier portuaire et urbain que ce « campement » était aussi important que le reste puisque tous les travailleurs y habitaient.
Dans votre texte, vous avancez que ce mot, en langue krou, signifie l’accueil, l’acceptation. Cela me séduit beaucoup. Mais pouvez-vous le confirmer ? Si même il ne s’agissait que d’une légende fondatrice et optimiste, cela m’intéresserait. Je suis en train d’écrire quelque chose sur cette aventure urbaine. Que dois-je dire à ce propos ?
Quelle que soit votre réponse, dont je vous remercie d’avance, je me permets de vous féliciter pour la richesse et la simplicité de votre blog, et aussi pour cette opération « notre Boîte à Livres » qui est tout à fait admirable.
Avec toute ma sympathie,
Philippe Haeringer,
Géographe, ancien directeur de recherche
Bonjour maître, par cette note je voudrai solliciter votre aide. En effet, je Etudiant inscrit en master 2 de Géographie/ Géographie Urbaine et Aménagement du Territoire à l’Université Péléforo Gon Coulibaly de Korhogo. A cet effet, mon sujet de mémoire de master porte sur les Politiques urbaines de restructuration et de modernisation des quartiers précaires: Cas du quartier Bardo de San-Pedro. Dans mes recherches, j’ai découvert certains de vos écrits datant de des années 1970 parlant de San-Pedro de 1969. Je voudrais par conséquent vous solliciter si vous avez d’autres documents concernant ce quartier.
Dans l’attente d’une suite favorable, recevez mes salutations les plus distinguées.